Un terminal méthanier à Dunkerque. Ça sent le gaz !
Le terminal méthanier de Dunkerque
Un projet inutile, coûteux et dangereux
L’annonce de la construction du terminal méthanier, établissement classé SEVESO, à deux pas des six réacteurs de la centrale de Gravelines, en 2007, avait dès le début, cristallisé l’opposition de la population mais une fois de plus, cette opposition n’a pas été entendue !
• L’Autorité de Sureté Nucléaire a pourtant jugé cette cohabitation peu compatible et a édicté des règles complémentaires en matière de sureté nucléaire pour la tolérer : il ne faut être expert pour comprendre qu’un incendie ou un incident nucléaire, provoquerait une catastrophe !
Le méthane est transporté sous forme liquide et sera re-gazéifié à l’aide de l’eau chaude des réacteurs… Rien n’arrête l’optimisation de leurs profits !
• En cours de construction, ce terminal méthanier avait déjà défrayé la chronique par ses pratiques sociales douteuses (exploitation de nombreux travailleurs détachés dans des conditions précaires, dumping social…), alors que la population avait été bernée par la promesse de création d’emplois, comme à chaque projet inutile que l’on s’acharne à nous imposer.
• Malgré les discours enflammés de nos gouvernants lors de la COP21 en décembre dernier, reconnaissant qu’il était impératif de diminuer drastiquement les émissions de gaz à effet de serre, malgré les cris d’alerte des scientifiques qui recommandent de laisser dans le sous-sol 80% des réserves de fossiles déjà connues, la société Dunkerque LNG, filiale de EDF a passé un contrat avec une société américaine pour importer 26 cargos de gaz de schiste américains !
L’extraction de gaz de schiste, indissociable de la très controversée technique de la fracturation hydraulique provoque aux états unis, d’énormes fuites de méthane (gaz à effet de serre très puissant), la pollution de nappes phréatiques et de nombreux séismes.
Elle est interdite en France pour l’instant mais ces importations vont renforcer les ardeurs des lobbies pétro-gaziers et donner des arguments aux défenseurs de l’extractivisme tous azimuts, qui tentent de nous imposer ces énergies particulièrement sales.
Cette fuite en avant est inacceptable : le gaz de schiste c’est ni ici ni ailleurs !
• La Maison de la Nature de Loon-Plage, contrepartie financière (ou corruption légalisée) de la destruction de milieux naturels et d’espèces remarquables, accordée par le mécanisme des pseudo-compensations environnementales et sociétales, est un symbole des plus cyniques. Panneaux d’interprétation et tablettes interactives évoqueront désormais le souvenir d’une nature sacrifiée pour la construction de ce port, sacrifiée aux intérêts des grands groupes industriels avides de profits toujours plus juteux.
Décidément le terminal méthanier de Dunkerque incarne un modèle de société que nous refusons en bloc, celui de la prédation des peuples et des écosystèmes, celui de la destruction de nos territoires, de nos vies !
En continuant dans cette voie d’ébriété énergétique, nous hypothéquons la survie de l’humanité dans des conditions acceptables d’ici quelques décennies. Nous n’avons donc pas d’autre choix que de dénoncer ces malfrats du lobby de l’énergie, EDF en tête avec ses importations de gaz de schiste américains, facilitées par la construction du port méthanier !
L’action : « des invités surprise à Dunkerque »
C’est dans un journal local que les opposants à ces projets inutiles et dangereux apprennent l’inauguration de la maison de la nature de Loon-Plage trois semaines plus tard, ils n’auraient pas pu rêver meilleure cible !
Après un petit café chez M., voilà une trentaine de militants, le 3 juillet vers 11h à la maison de la nature de Loon Plage. Un petit concert d’ouverture de la cérémonie leur permet de se placer au mieux pour être visibles, ils attendent les discours des élus locaux pour intervenir (les élus sont pour l’instant de fort bonne humeur, en attente de reconnaissance de leurs concitoyens pour ce merveilleux cadeau !).
Un conseiller municipal a présenté les invités, les militants ont applaudi pendant dix bonnes minutes ! Les officiels ont mis du temps à comprendre que quelque chose se passait et allait faire dérailler la mécanique bien huilée de leur tribune mensongère. Génial, ils avaient eux-mêmes convié la presse locale ! (Se serait-elle déplacée pour les invités « surprise » ?)
Des banderoles surgissent de tous les sacs des militants : « gaz de schiste/gaz de couche, ni ici ni ailleurs, ni aujourd’hui, ni demain », « Maison de la nature = compensation du port méthanier = corruption légale », « Gravelines / méthane = dangers » …
Puis ils se mettent à chanter et crier des sloggans ; la colère modèle le visage des élus, les journalistes interloqués filment la scène et les habitants de Loon Plage, surpris, sont partagés entre applaudissements et reproches.
Une demie heure plus tard, tout ce beau monde reprend ses esprits tandis qu’un barbecue s’installe sur le parking, juste devant.
Opération réussie, délicieux repas partagé sous le pâle soleil du Nord, dans une joyeuse ambiance.
Braves complices du green-washing en cours, attendez-vous à être dénoncés partout !