
En guise d’éditorial. Pourquoi la gueule ouverte, quarante quatre ans après ?
Pourquoi cette idée saugrenue de relancer La Gueule Ouverte plus de 40 ans après, alors qu’il existe d’autres journaux écologistes intéressants, sur papier ou sur internet ?
Peut-être parce que, malgré les apparences, les questions écologiques n’ont pas vraiment progressé dans les faits, et mal dans les têtes. La « pollution » de la problématique, tant par la récupération due au capitalisme avec la croissance verte que par le « parti vert », né dans les années 1970, à partir de La Gueule Ouverte et des Amis de la Terre, avec l’écologie politique trainée dans la boue des processus électoraux et des « cabinets » ministériels, a perverti la pensée chez la plupart des gens, même si des pistes de renouvellement ont vu le jour, comme la Décroissance.
Plus de 40 ans après, le rapport Meadows rendu au Club de Rome, réactualisé en 2012, est amplement confirmé par les 5 rapports du GIEC, qui commence même à faire des recommandations aux Etats pour ralentir, voire écarter (selon lui) l’effondrement du monde qui vient, pourtant déjà çalculé précisément par certains scientifiques.
40 ans après, nous confirmons donc la Fin du monde, annoncée par la Gueule Ouverte des années 1970. Et la 19ème thèse de « la Société du spectacle » de Guy Debord « Dans le monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux », datant de la même époque.
Pas l’idée de revenir à la bougie - comme tant d’histrions et de menteurs professionnels répètent à l’envi - mais plutôt de l’éviter, car c’est ce qui nous pend au nez si ce système productiviste perdure...il s’agira plutôt d’une célébration fait(e) rosse et joyeuse de ce moment de l’histoire récente du Monde où quelques belles vérités ont convergé pour nous éclairer durablement. Ce n’est donc pas une mais 44 bougies que nous mettons dans la balance.
Plus que Fournier, son fondateur, ne parvint à en souffler.
Nous sommes la mémoire et la joie de la vie pleinement exercée, en connaissance de cause. Nous allons mourir mais nous allons vivre ensemble le reste du chemin « comme il nous plaira » et pas comme on nous l’imposera.
D’ores et déjà, le site Lagueuleouverte.info fonctionne, modestement, depuis plusieurs mois. Il propose des articles de fond, des illustrations, et même un feuilleton. Parmi les anciens, Jean-Pierre Andrevon nous a déjà fourni des articles et des dessins. Mais notre but est bien entendu la publication d’un journal papier.
Pour l’instant, nous sommes quelques un(e)s à constituer un comité de rédaction en construction, dont l’élargissement sera le passage obligé pour nous lancer dans cette belle aventure. C’est pourquoi nous faisons appel à d’autres collaborations, car nous sommes persuadé(e)s que nous ne sommes pas les seul(e)s à constater l’effondrement du Monde, à ne pas nous y résigner et à avoir la volonté de le faire savoir.
Mise à jour de Patrick Laroche, le 12 octobre 2016
Le projet de journal hybride « la Gueuleouverte », le retour. Une tentative de réponse à l’actualité du journal des années 1970, prise au pied de la lettre, à bras-le-corps, a contrario des impensés qui ruinent ce monde, à rebours de la société industrielle entropique, qui nous conduit follement vers le précipice.
De La Gueule Ouverte, enfant de Pierre Fournier et de Charlie-Hebdo...
LGO est née avec la naissance du programme nucléaire civil français et l’arrivée au pouvoir d’un banquier de la banque Rotschild (déjà). Quelque temps après l’émotion majeure de Mai 1968.
Mai 1968 s’est peu tracassée d’écologie. D’ailleurs la loi du 30 Octobre 1968, qui lance le programme nucléaire français en reconnaissant que l’accident est possible et exonère de responsabilité l’Etat et les opérateurs, a été discutée par les députés élus démocratiquement du 16 juin au 30 Octobre 1968 sans que les contestataires n’aillent une seconde contester les débats.… Le seul élément notable en France est l’existence d’un groupe humain publiant un journal au nom évocateur « Survivre et vivre ». On y trouve des gens comme Grothendieck, mathématicien hors pair, médaillé Fields, ayant quitté l’Académie, l’Université, pour se réfugier à la campagne et cultiver son jardin, incognito. Le mouvement Survivre et la revue du même nom sont fondés à Montréal en juillet 1970, à l’occasion d’un séminaire de mathématiques.
Aux Etats-Unis, par contre, une gauche écologique existe, notamment avec Murray Bookchin, depuis le début des années 1960. Il publie The Ecology of Freedom - The Emergence and Dissolution of Hierarchy en 1980, une somme de l’Ecologie Sociale, après quelques autres oeuvres plus parcellaires.
Ce gros livre essentiel n’est toujours pas traduit en français à ce jour. Quelques-uns de ces ouvrages le sont, pourtant. 1971 est l’année où un groupe de scientifiques du MIT répond au Club de Rome par un rapport très inquiétant pour l’an 2000. Le rapport Meadows, du nom du plus célèbre d’entre eux. Ce rapport est réactualisé en 2009 puis en 2012. Son vrai nom est « Halte à la croissance ?! »
Entretemps, le Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’évolution du Climat est créé en novembre 1988, à la demande du G7, par deux organismes de l’ONU : l’Organisation météorologique mondiale (OMM) et le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE). Ironie du sort : la décision du G7 avait été prise sous la pression de Ronald Reagan et Margaret Thatcher, afin d’empêcher une agence de l’ONU, soupçonnée de militantisme écologique, de mettre la main sur l’expertise climatique. Depuis 1988, le GIEC a publié cinq rapports, de plus en plus alarmants.
Et finalement, Pablo Servigne et Raphael Stevens publient en français « Comment tout peut s’effondrer », ouvrage essentiel dans lequel sont rassemblés, à la différence d’autres traitant de ce thème, les preuves de l’effondrement, non pas dans un domaine spécifique, correspondant à la sphère d’investigation d’une discipline ou d’une sous-discipline, mais dans l’ensemble des domaines où des effets se conjuguent pour sceller l’extinction de notre espèce. Cette approche transdisciplinaire acte la naissance de la collapsologie et renouvelle la thématique de l’effondrement. Tant qu’elle était évoquée par des états-uniens ou anglophones, cela tardait à envahir nos salons, nos salles de séjour. Voilà qui est fait.
Une campagne militante voit le jour, proposant de laisser dans le sol les réserves d’énergies fossiles déjà repérées. Une nouvelle campagne antinucléaire s’organise contre le projet d’enfouissement de déchets hautement radioactifs à Bure, dans la Haute-Marne ou contre la construction de l’EPR de Flamanville, en Normandie. Un appel est lancé au niveau international, à partir des accidents de Tchernobyl et Fukushima, contre le nucléaire civil autant que militaire, l’un héritier de l’autre et donc de Hiroshima et Nagasaki.
Après avoir fait émerger et soutenu (plus ou moins) la campagne présidentielle de René Dumont en 1974, après avoir organisé la manifestation contre la centrale nucléaire de Creys-Malville en 1977… Après avoir fait tout le travail d’information, de sensibilisation à l’écologie, la Gueule Ouverte disparait en 1980, un an avant l’arrivée au pouvoir de la "Gauche", au bout de huit années d’existence. « Survivre et vivre » avait déjà disparu en 1975.
Le terme écologie (du grec oikos, demeure, et logos, science) a été proposé par Ernst Haeckel en 1866 pour désigner la science qui étudie les rapports entre les organismes et le milieu où ils vivent. Autrement dit, les conditions d’existence...
Donc, non pas le juste milieu ni le milieu juste aristotélicien, donc, simplement mais radicalement « juste le milieu », comme dirait JL. Godard.
... A La Gueule Ouverte, fille de l’écologie radicale façon Bookchin.
Notre approche est curieuse, passionnée, plurielle, mais assez radicale, c’est-à-dire revenant à la racine des choses et des problèmes. Ainsi, comment expliquer que tant d’autorités intellectuelles, plus ou moins politiques, nous rebattent les oreilles avec le distinguo entre écologie et écologisme, admettant à la rigueur le terme « écologie politique », alors que depuis plus d’un siècle, les autorités pensantes (à notre place) nous ont imposé l’économie comme la science qui gère nos sociétés ? N’éprouvons-nous pas, plus que jamais, le besoin de sortir de l’économisme, la propagande par le fait et par la pensée qui nous englue et dissout nos facultés et nos capacités de résilience ?
Que penser de cette incroyable obstination de l’extractivisme, cette obsession de faire de l’argent avec n’importe quoi, le pétrole, le méthane, le gaz de schiste, les sables bitumineux, les métaux précieux ou rares, comme l’uranium. Des siècles que les alchimistes travaillent à produire de l’or avec du plomb… Le XXème siècle et le début du XXIème plus encore, sont le paradis des alchimistes. Seule nuance, tout transformer en argent.
Voulons-nous cette pollution faisant des dizaines de milliers de morts par an en France (7 millions dans le Monde en 2012 selon l’OMS), pollution due à la société industrielle ? Voulons-nous encore être gouverné(e)s par cette (ir)rationalité économique assez délirante pour arracher incessamment à la Terre ce qu’elle a mis des siècles et des millénaires à produire et lui refiler nos déchets indésirables, en profondeur, comme à Bure nos déchets nucléaires ? Voulons-nous de cette même (ir)rationalité économique qui se partage le monde, financièrement, mais aussi réellement, dans un marché carbone totalement virtuel, ou un marché du droit à polluer, ou encore un marché des puits de carbone ? Qui qu’en veut de l’Amazonie ? Qui qu’en veut de la Forêt Noire, qui qu’en veut des Landes et la forêt de l’Aigoual, qu’on a mis plus de trente ans à replanter ?
C’est au moment où la gauche a disparu, où une dite « gauche » a fait la démonstration de son mensonge, où une dite « écologie politique » officielle a fait la preuve de sa compromission, que renait la Gueule Ouverte, le journal qui annonce la fin du monde. Pas tout-à-fait, la fin… d’un monde. Celui du capitalisme rayonnant et destructeur. Celui de la civilisation thermo-industrielle.
Qu’est-ce qui a pu faire que l’écologie soit devenue, en quelques décennies, cette 5ème roue de la charrette, une 5ème dimension, ni politique ni économique, proprement culturelle, sachant que la culture elle-même est devenue superfétatoire, le milieu dans lequel baigne l’économie, devenu le maître-mot de cette culture ? Qu’est-ce qui a pu faire disparaitre la question écologique, majeure, existentielle, derrière le « développement durable » ou « soutenable » ? Qu’importe tant qu’il est question de « développement »… Qu’est-ce encore qui pourrait empêcher que les Compagnies énergétiques creusent n’importe où là où elles pensent pouvoir trouver des matières premières propres/sales à produire des énergies ? Que vous, nous disions NON et refusions qu’on vienne creuser dans notre salon ? Mais si ce n’est dans le nôtre, qu’à cela ne tienne, creusons dans le salon du voisin… Et pour autant, la recrudescence de l’extractivisme en France, notamment - en Europe plus largement - indique assez combien les ressources énergétiques tendent à diminuer, à s’affaiblir, au point qu’une compagnie australienne revienne faire des recherches en France, dans la tradition du charbon et du fer lorrain et du Nord. C’est dans le même temps que l’Andra met en chantier l’enfouissement des déchets radioactifs de haute radioactivité, à 500m de profondeur, à quelques encablures d’une nappe phréatique… et dans le déni des capacités locales de la géothermie, dont l’accès est barré à jamais par cette pollution déci-millénaire. Sachant bien qu’une fois enfouis, ces déchets ne sont plus réellement accessibles.
Extractivisme à un bout, enfouissement des déchets à l’autre. Voilà l’enchaînement au/du capitalisme dont nous sommes encore dépendants. Voilà la boucle algorythmique de l’économisme capitaliste. On lira avec bénéfice "La Grande Transformation" de Karl Polanyi, où l’auteur met en évidence comment la société industrielle avec le marché a produit la rupture de l’économie d’avec la vie.
Faire de l’argent avec n’importe quoi et pour n’importe quoi, voilà avec quoi il faut en finir. Voilà bien l’enjeu de « décoloniser l’imaginaire » dont parle Latouche, économiste de la Décroissance. Voilà l’enjeu dont parlait Guattari, avec ses trois écologies, réunies en une écosophie, philosophie de l’écologie.
Voilà pourquoi la résurgence de La Gueule Ouverte, plus de 40 ans après.
Plus que jamais, nous avons besoin d’un retour aux équilibres, dynamiques, qui sont l’apanage des écosystèmes. Et tel est notre besoin pour le plus vaste d’entre eux et le plus complexe : la biosphère, à savoir la Planète.
Sortir de la dictature de l’économisme pour aller... Vers des écosystèmes sociaux.
N’est-il pas grand temps d’en finir avec la prétendue « science » économique et ses tensions, toujours avide de croissance, elle-même toujours productrice et rentière des inégalités entretenues. L’économie est naturellement guerrière, autodestructrice, vampire, anthropophage et dévoreuse des ressources naturelles. L’écologie, au contraire, est la science des équilibres, du don et du contre-don, du soin apporté à sa maison, de l’observation des tendances et des mouvements browniens, de l’empathie avec le reste de la Création, le tout dans une recherche de l’homéostasie.
Alors, même si la décroissance a été inventée par un économiste et popularisée par un autre, n’oublions pas que les premiers à nous avoir parlé d’écologie, de relation équilibrée entre humanité et nature, c’est un biologiste Enst Haeckel, ce sont des poètes, des philosophes, des géographes, comme Thoreau, Emerson et Reclus. Et avant eux encore, ce sont les peuples primitifs, dits « sauvages » qui nous ont toujours montré la voie d’une certaine harmonie possible entre l’humanité et son milieu.
Allons-nous, comme le PDG de Numéricable, SFR et Libération, préparer des chalets luxueux à Zermatt, chic du chic de la station de sports d’hiver, en Suisse alémanique, dans le canton du Valais, pour accueillir sa famille et ses amis, au prix fort ? Lorsque l’effondrement viendra et que chacun se retournera vers les seuls lieux encore vivables de la planète, à savoir les montagnes, à partir de 1000m…
Ou bien allons-nous réfléchir ensemble et travailler à reprendre en mains, collectivement, nous les peuples du Monde, les communs que sont l’eau, l’air, les sols, les terres agricoles, les sous-sols aussi afin d’en partager les bénéfices naturels et artificiels, équitablement, c’est-à-dire égalitairement, dans le seul soin de satisfaire les besoins premiers, existentiels des peuples, respirer, manger, boire, dormir, habiter, (se) parler, (se) penser, (s’) aimer, vivre, en somme, librement et en paix.
Pour autant, nous savons que le temps nous est désormais compté. L’effondrement de notre civilisation industrielle est programmé. Elle est désormais au bout du chemin, dans un avenir relativement proche. Quelques décennies, très peu. Nous aurions pu l’éviter si nous avions tenu compte des avertissements des années 1970, avec le rapport fait au Club de Rome « Halte à la croissance ?! ». Nous avons au contraire, par notre folie capitaliste et dévoreuse, aggravé encore la situation.
Désormais, nous sommes dans cette aporie qui consiste à avoir besoin de temps pour faire évoluer, par l’éducation populaire, les mentalités vers de nouveaux paradigmes, propres à faire naître une société radicalement différente, loin de la domination, de l’accaparement, de la propriété privée, de l’argent-roi, du capitalocène… et à en manquer d’ici la fin programmée de notre civilisation. Il nous faut changer nos modes de vie radicalement – nous le savons - et, pour autant, rien d’aisé dans ce geste individuel et collectif à la fois, tant la contrainte socio-économico-culturelle de la présente société est puissante. Nous sommes, en quelque sorte, "condamnés à la résilience" par l’écologie.
C’est cette urgence contraire qui appelle la renaissance de la Gueule Ouverte. Nous allons étudier ensemble, en intégrant expériences du passé (Commune de Paris, Révolution sociale espagnole), expériences du présent lointaines (Chiapas, Rojava) mais aussi toutes proches (Notre Dame des Landes, Nuit Debout) et organisation théorique et pratique (communalisme, écologie sociale, "caracoles", objection de croissance) quelques façons de réorganiser la société en équilibre, selon la logique des écosystèmes, envisageant l’humanité comme participative de la biosphère, dans une perspective résolument (radicalement) démocratique, sachant que la démocratie n’est pas un mode de gouvernement, qu’on croit pouvoir installer de force auprès d’un peuple, d’une nation, comme on a prétendu le faire en Irak, mais c’est une manière de faire société pour un peuple conscient, éduqué, volontaire, libre et égalitaire. Comme le fait le peuple kurde au nord de la Syrie, dans la région autonome du Rojava, depuis plusieurs années, ou indiens et non-indiens au Chiapas, région autonome du Mexique, depuis plus de 20 ans. N’est-ce pas un savoureux pied de nez historique que cette démocratie radicale née au voisinage de ce pays que les (dites) démocraties occidentales ont chamboulé si totalement qu’il est devenu le lieu d’aisance d’un retour au Califat des Croisades, au coeur du Moyen-Orient ?
Avis à la population !
Voilà rien moins que notre chantier. Nous le partagerons volontiers avec vous, ami(e)s et inconnu(e)s, collaborateurs/trices et lecteurs/trices, et réciproquement ! Rejoignez-nous à votre guise, à votre allure et réfléchissons ensemble, à voix haute... Pour reprendre collectivement l’information à ces messieurs fortunés familiers de Zermatt et Davos, mais aussi à la publicité et à ses dictats, pour la construire ensemble, par le débat, le dissensus, dans une culture commune auto-organisée et autogérée, qui soit tout sauf cette sous-culture mondialisée de la consumation comme de la consommation. Pour une écologie sociale, faite d’assemblées populaires, d’autogestion et d’autonomie, de relocalisation délibérative, décisive, productive. Pour une refondation d’une démocratie réelle, directe, horizontale, fédérative, fédératrice ? Pour une écologie radicale, intégrale, globale qui accorde sa place à l’être humain dans la nature mais rien que sa place, au milieu des autres êtres vivants, dans la lignée (et dans l’intention de la réaliser) de l’expression fameuse de Reclus, le plus grand géographe de son temps, (avec son ouvrage encyclopédique « la Nouvelle Géographie Universelle » ou « l’Homme et la Terre »), « l’Homme, c’est la Nature qui prend conscience d’elle-même ».
Et pour ne pas faire les choses à moitié, nous aurons un journal numérique sur ce site internet ET un journal papier dont la périodicité n’est pas encore établie, probablement mensuelle. Nous en reparlerons prochainement.
A suivre