Joie de vivre et répression policière. Récit en images.

, par Pala

Du carnaval de Rennes à la manif anti-loi El Khomri.
Le CARNAVAL.
Comment, dans la tradition historique, renverser la société cul par dessus tête, l’espace d’un instant... Mais, on l’aura remarqué, la société marchant aujourd’hui sur la tête, c’est lui remettre la tête à l’endroit que de faire Karnaval ! Et lancer dignement la démarche "Nuit debout".
Il est temps. « Les tyrans ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. »

Le 6 février 2016, avait lieu à Rennes, un carnaval, dans la tradition du renversement de l’ordre institutionnel, le temps d’une journée. Etaient prévus un banquet républicain, sur la place du Parlement, place centrale et historique de la ville, et un défilé de marionnettes géantes évidemment irrévérencieuses pour les autorités. La journée était dédiée à Notre Dame des Landes et consacrée à l’opposition à l’état d’urgence.
Le gravier de la place du Parlement fut recouvert de sciure afin d’éviter de le tacher lors du banquet. Les déguisements étaient très inventifs et, bien-sûr, la marionnette géante à l’effigie de Manuel Valls, une autre représentant une chouette ailes déployées, magnifique et la dernière une vache terrassant naturellement un avion de ligne.
Tout se passa dans cette atmosphère bon enfant, joyeuse et ludique, très conviviale et même amicale, jusqu’à ce qu’entrent en scène les "bleus" avec lacrymos et tonfas, flashballs et Cie (Républicaines de Sécurité). La fin de la manif fut ainsi bouleversée par l’incroyable agressivité des forces "dites de l’ordre" qui mirent en ville une pagaille monstre, cherchant obstinément à disperser la manif. Cela ne se réalisa pas, bien entendu, malgré la pluie de lacrymos et la violence mise en oeuvre. Beaucoup d’arrestations, pour autant, quelques comparutions immédiates et pas mal de "bavures" flagrantes, comme cette femme mûre, brutalisée à l’approche de son automobile. Ici un lien vers un témoignage : http://zad.nadir.org/spip.php?article3582
En fin d’après-midi, un attroupement de médias "mainstream" (LCI, M6, BFM...) pouvait s’observer devant la vitrine cassée de l’agence immobilière Giboire, de la Place de la République. Un vrai coup monté, bien préparé par le Préfet, M. Patrick Strzoda, lequel faisait une déclaration alarmiste à la presse dominante que personne n’avait vue sur le terrain, durant la manifestation, des plus pacifiques.
Par contre, j’ai pu voir, comme d’autres personnes de la manif, un petit groupe habillé comme la BAC - blue jean et baskets, blouson bomber, cagoule et foulard - aller directement vers les vitrines de quelques magasins, banques, agences immobilières, free, pour tenter de les casser à coup de matraque de bois, manifestement étranger à la manif, qu’il n’a fait que traverser rapidement.

On trouvera sous ces lignes, un reportage photo de cette journée, mettant l’accent sur la légèreté des manifestants et la lourdeur des CRS et "Baqueux", enragés "à casser du manifestant"... On pourra se demander pourquoi je n’ai pas photographié les briseurs de vitrine que j’ai pu voir. Je me le demande aussi. Encore que... peut-être ai-je pensé, comme d’autres, que ça pouvait être un groupe de chez nous et donc, ai-je préféré ne pas garder de trace. Mais c’est surtout que ça arrive très vite et même un photographe peut être plus ou moins saisi... Juste pour dire que parfois ça vient des nôtres parfois d’ailleurs, et, manifestement, d’auxiliaires de police.

C’est à peu près ce qui s’est passé samedi 9 avril, pour la manif anti loi El Khomri.
Le préfet d’Ile et Vilaine est décidément très violent et il semble que Mme la Maire de Rennes lui ait emboité le pas cadencé pour faire plaisir à certains commerçants du centre ville.
Impossible de passer par la place de la Mairie, une barrière métallique obstruait la rue, empêchant d’y accéder. Il est vrai que la sculpture en bois, proposée aux habitants comme pseudo participation à la prospective urbaine à l’horizon 2030, aurait peut-être subi quelque outrage, à l’occasion. Quoiqu’il en soit, c’est alors qu’une pluie de grenades lacrymogènes se déversa sur le cortège de la manif, menaçant tous et toutes, y compris les mamans et leurs poussettes, emplies d’enfants en bas âge.
S’ensuivit une course poursuite, les "flicaillons" tentant de disperser la manif dans toute la ville, jusqu’au marché des Lices, où une charge hyper-violente atteignit même deux élus de Rennes-Métropole et deux journalistes.
Ici, des nouvelles, avec l’AFP : http://www.liberation.fr/futurs/2016/04/09/loi-travail-des-heurts-et-des-blesses-a-rennes-lors-de-la-manifestation_1445090

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