Rencontre avec la rédaction de La Gueule...
Rencontre avec la rédaction de La Gueule ouverte. Lancement du N°-2 du journal.
Samedi 3 novembre 2018, de 16h30 à 20h, à Publico, librairie libertaire, 145 rue Amelot 75011 Paris. M° République, Oberkampf ou Filles du calvaire.
Ne tardez pas à découvrir notre nouvelle Gueule ouverte ! Le journal de la fin du monde. En vrai.
En attendant le 3e numéro et ses points de vue sur la biodiversité, l’effondrement, les 3 écologies et plus, les faux-semblants et les fausses pistes d’une résilience individuelle, quelques expériences vécues d’alternatives à la civilisation thermo-industrielle...
Ce numéro -2 s’articule autour d’un dossier spécial Alimentation et Agriculture, avec un pavé éclairant sur les Etats Généraux et la loi qui en est sortie, un tour d’horizon de l’accaparement des terres agricoles dans le monde, un entretien avec Pierre Bitoun, co-auteur du Sacrifice des paysans, un aperçu intéressant des reconversions professionnelles produisant des néo-paysans, une découverte surprenante d’une des plus puissantes organisations démocratiques au monde, Via Campesina, avec 200 millions de paysans, une affaire à suivre par une ancienne porte-parole.
S’ajoutent à cela une étude intéressante de la disparition d’une opposition radicale au capitalisme, en partie cause de l’effondrement, une mise au clair des négociations de la zad de NDDL avec la préfecture, suite au déluge de-fer-de-feu-de-sang du printemps, le second volet de notre feuilleton « déluges », du côté de Monaco, un courrier des lecteurs surprenant « Au secours, la Gueule ouverte revient ! » et des dessins en qualité et quantité de nos acérés crayonneurs, avec une page entière consacrée à l’écosystème d’une plante, comme vous l’avez rarement vu. Et toujours les couvertures aussi tragi-comiques que souhaitables pour La Gueule ouverte, « le journal de l’homme qui rit ».
Quelques auteurs réguliers du journal présenteront ce N°-2, dans un jeu de questions-réponses avec la salle. Des lectures seront faites par notre comédienne M.C. d’extraits d’articles et de textes de Pierre Fournier, le fondateur de la Gueule ouverte d’origine et d’auteurs ayant écrit sur l’écologie.
Puis notre DJ A.D. nous fera entendre un pot-pourri de chansons écolo-libertaires et nous pourrons alors déguster les tapas de saison en partageant conversations et verres de vin.
Qu’on se le dise ! Venons partager les joies du « journal de l’homme qui rit ».
Eh oui ! Comme les compagnons de Pierre Fournier après sa disparition, nous disons aussi "on les emmerde, ça continue". Malgré les difficultés entrevues par certain.es. Selon le modèle du fameux dessin qui a fait le tour d’internet, en cette période de tapage médiatique autour de l’effondrement qui vient, nous choisissons de marcher à contre-courant, mouton noir s’excusant de ne pas marcher avec entrain comme la masse des moutons blancs vers le précipice.
Ce que notre modeste journal a choisi de faire, c’est de s’inscrire dans la lignée de la 1ère Gueule ouverte, celle créée en novembre 1972 par Pierre Fournier. Mais c’est aussi de l’actualiser, en tenant compte de ces quarante et quelques années où nous avons beaucoup parlé d’écologie sans aucunement la pratiquer. En tout cas pas officiellement, institutionnellement. Des résistants, des opposants ont fait sécession ou sont entrés en lutte, résolument, contre cette civilisation thermo-industrielle fondée sur la valeur argent, qui va s’effondrer d’elle-même, par ses propres excès. Beaucoup se retrouvent dans l’expérience de la zad de Notre Dame des Landes où une micro-société s’est construite sur d’autres bases que celles en usage dans la société officielle. Les communs y tiennent une place majeure. Une tentative d’harmonie des humains avec le milieu ambiant en est une caractéristique déterminante. La domination semble en être bannie. Même si, même si...
Notre modeste journal essaie de renseigner au plus près cet effondrement qui vient et de contribuer à une réflexion commune quant aux manières de penser et agir dans ce contexte tragique. Si la chute de la civilisation thermo-industrielle est possiblement une joie (la fin du capitalisme enfin !), les dégâts qu’elle va opérer sur cette bonne vieille planète Terre, tant pour les humains que pour les non-humains, les paysages sont terribles et, comme toujours, ils toucheront surtout les plus faibles, les moins préparés à cette perte. Certains envisagent la disparition d’une grande partie de l’humanité, voire de la totalité.
Dans ce contexte, nous choisissons de parler encore de politique plutôt que de développement personnel. Peut-être parce que le politique est, plus encore que le rire, l’invention des humains. Mais ce politique-là se fonde sur la démocratie directe, l’auto-détermination et l’autogestion, il a à voir avec l’autonomie recherchée par Castoriadis. Une société n’existe que parce que ses associés veulent et décident de/désirent faire société, ensemble. Même si, aujourd’hui, la société capitaliste dominant la civilisation thermo-industrielle survit plus grâce à la servitude volontaire adoptée par tout un chaun.e qu’à la volonté commune de vivre ensemble. Un psychanalyste ne disait-il pas « pour sortir du capitalisme, il faut déjà sortir le capitalisme de soi ». Il faudrait aussi, comme disait Castoriadis dans les années 90, « stopper la montée de l’insignifiance » et d’Alzheimer... Elle produit en partie la (re)montée des fascismes, comme au Brésil et en Europe.
Notre Gueule ouverte est celle de Gwynplaine, « l’homme qui rit », le héros malgré lui de Victor Hugo. Repris par James Ellroy dans Le Dahlia Noir, par Bob Kane et Bill Finger pour le personnage du Joker dans les histoires de Batman de DC Comics.
Face au sourire figé et benêt du contentement de soi présidentiel, nous proposons le rire conscient, contraint et déchiré de l’homme qui rit hugolien.
Comme une porte, il faut qu’une gueule soit ouverte ou fermée. Nous choisissons de l’ouvrir, en attendant de la fermer définitivement. Ce qui ne saurait tarder.