
Tribulations d’un chariot #1
En commando pour acheter du produit vaisselle, j’errais entre les aérosols et le sel régénérant. Eh oui, je vais au supermarché. Ce n’est pas glorieux mais la grande surface est à cinquante mètres de chez moi et les droguistes ont disparu. En commando disais-je, je déambulais pour trouver le miraculeux produit pour expurger les résidus de mes repas. Soudain, je fus ébloui, je pensais avoir mis les pieds dans le plus banal des temples de la consommation, mais non ! Je me tenais désormais entre le « royaume des senteurs » et l’« univers de la vaisselle ». Les anges chantaient, des champs de fleurs déroulaient leurs délicats pétales sous mes pieds. Ali Baba allait-il bondir au détour du rayon ? Quelque roi surgirait-il pour m’adouber ? Non.
C’est que, mon bon monsieur, je n’imaginais pas que la vaisselle pût m’amener jusqu’aux confins de l’univers… De cette tâche immuable, il n’y a bien que la corvée qui est expansion les soirs où mes amis décident d’investir mon salon. Quant aux senteurs : les diffuseurs de parfums synthétiques peuplent-il Buckingham Palace ?
De qui se moque-t-on ? Depuis quand veut-on faire passer les linéaires pour des lieux de villégiature et leur prêter ainsi des propriétés célestes ? Par quel miracle le dégraissant pour assiettes emplit-il la Voie lactée ? Je suis outré. Autant appeler un chat, un chien. Non content de se positionner en sauveurs du peuple, les magnats de la grande distribution tentent de faire accroire au pousseur de chariot qu’il serait membre du gotha.
Pour redescendre sur terre, il suffit de lever la tête. Les faux-plafonds et les recoins des supermarchés sont plein de crasse, de rafistolages et de moisissures — si si, essayez pour voir, c’est édifiant —, ils sont aussi laids et repoussants que leur politique commerciale.
Allez, à la prochaine !