Tribulations d’un chariot #2

, par Emmanuel Desestré

C’était un doux jour de septembre et j’arpentais un rayon pour trouver un bloc-note et quelques bricoles. Je tentais d’éviter les mères et pères de famille stressés, liste en main et pli soucieux barrant leur front. Il faut dire que satisfaire un enseignant en début d’année peut s’avérer pire qu’un entraînement de commando dans la boue. Quid de la couverture rouge, quid des grands carreaux… ? Je zigzaguais entre chariots, parents nerveux et enfants surexcités quand soudain, un spectacle inédit s’offrit à moi.

Au détour d’un linéaire, deux mères affublées chacune d’une fillette de quatre ans luttaient au corps-à-corps pour savoir qui allait prendre le dernier cartable estampillé d’une figure bien connue des cours de récréation. Torgnoles, mandales, cheveux arrachés, griffures au visage, tout y passait. Et comme toute bonne éducation passe par l’exemple, les deux fillettes s’y sont mises bon train. Pour venir à bout de cette mêlée consommatrice, ce ne sont pas moins de cinq vigiles qui furent dépêchés sur place. Et on me dira que les pulsions générées par le branding et marketing en général sont anodines ?

Que celui qui n’a jamais mis les pieds dans un grand magasin un jour de rentrée scolaire me jette son stylo au visage.