
Zad partout. Manif pour reprendre la main. Des jours heureux, le 27 février 2016, à Notre Dame des Landes.
De quoi Notre Dame des Landes est-il le non ? C’est toujours instructif que de faire un tour sur la zad. Un micro-climat y règne, bénéfique. Mais la manif du 27 février 2016, c’est autre chose. Un modèle "des jours heureux" (le nom du programme de refonte globale de la société du Conseil National de la Résistance). L’esprit de résistance qui y souffle inspire à chacun(e) la voie et bien-sûr la voix. C’est l’expérience proposée par ce reportage photo et texte à la rencontre des "zadistes" du 27 février.
Je ne sais si, comme le dit la chanson, « les mauvais jours finiront ». On peut les voir se prolonger à l’envi de semaine en semaine, d’année en année. Et tous azimuts, bien entendu.
Pourtant, il y a, aussi, « des jours heureux », selon le beau programme du CNR (Conseil National de la Résistance), pour apparaitre de temps en temps, mi-naturels mi-organisés.
Tel fut le cas de ce 27 février, jour de manifestation sur la 4 voies au bord de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, à l’endroit dudit « barreau routier », qui serait la bretelle de raccordement de l’hypothétique aéroport à l’autoroute.
Pour commencer, un ciel dégagé, ensoleillé et un froid prenant qui laisse penser que la journée passera sans nuages et sans larmes du ciel.
Dès l’aller en car à partir de Rennes, je reconnais quelques individus de connaissance que je salue avec plaisir. Et puis, le sort me réserve de rencontrer Daniel Ibanez, ci-devant militant opiniâtre de la lutte anti-LGV Lyon-Turin. Nous voyageons de concert et devisons aimablement dans le car. C’est-à-dire qu’après avoir pris connaissance succinctement de son second livre sur la question, je l’interroge sur quelques détails de ce projet très controversé, comme sa véritable utilité publique, la teneur de son partenariat privé-public, les mesures d’appréciation des bénéfices… Je découvre ainsi l’existence de l’Institut de Gestion Déléguée, qui se trouve être - me dit-il - l’organisme de promotion des partenariats publics-privés mis en place par le lobby du BTP auquel sont associées, comme partenaires, nombre d’institutions publiques.
Une affaire qui a beaucoup à voir avec le cas de Notre-Dame-Des-Landes.
Ce 27 février a été choisi il y a quelques semaines, parce que c’est un dimanche et la fin du mois de février. Et c’est à mi-parcours du délai de deux mois accordé par le Tribunal de Nantes aux familles habitant sur la ZAD légalement, dans son jugement du 25 janvier dernier en réponse au référé de AGO, le bras armé de Vinci pour cet aéroport, demandant l’expulsion des paysans historiques de la ZAD (zone d’aménagement différé transformé par zadistes et paysans en zone à défendre).
C’est donc, pour la coordination de lutte contre l’aéroport qui en a décidé ainsi, l’occasion d’une belle rencontre des soutiens de tous horizons sur place et de vérifier la puissance du mouvement « anti-aéroport et son monde », après la manifestation de réappropriation du 17 novembre 2012, à la suite de l’opération César, qui avait rassemblé 40000 personnes et celle du 22 février 2014 à Nantes, avec 40000 personnes aussi, peut-être, mais qui s’était terminée par des affrontements douloureux avec la police. Ce pourquoi, cette fois, le choix de Notre-Dame-Des-Landes.
27 février à Notre-Dame des Landes. Objectif atteint. 4 voies, 50000 manifestants, 1 vigie pour un barreau routier qui ne se fera pas.
Plus précisément, c’est le « barreau routier », site présumé de la bretelle de raccordement de l’aéroport à l’autoroute, qui est visé et, conséquemment, la 4 voies qui irrigue la campagne au nord de Nantes.
Accessoirement, comme l’indique le journal d’une radio publique très réputée au matin du 27, c’est l’occasion aussi de montrer que l’agenda de l’Etat et des Collectivités locales porteuses du projet ne va pas changer celui des opposants. La « manif » est maintenue malgré la proposition d’un référendum local par le président de la République survenue lors de son intervention télévisée du 11 février 2016.
Sur place, on retrouve l’atmosphère joyeuse de la manif du 9 janvier sur la rocade autour de Nantes. C’est très plaisant pour des militants écologistes d’ »occuper » une 4 voies et de la bloquer pour une journée, jusqu’à y pique-niquer. Qui est venu en groupe, entre amis, en famille, à pied ou à vélo. Jeunes et vieux se côtoient et sourient les uns aux autres. Beaucoup de jeunes gens !
Venu(e)s des 6 coins de l’Hexagone, de Strasbourg ou de Brest, d’Ariège ou de Lille, de Marseille, de Lyon, et même de Chambéry, on se retrouve à marcher de l’arrivée des cars jusqu’au village de Temple de Bretagne et finalement jusqu’au site du « barreau » où sont réunis l’intendance et la communication, le camion de la sono où chacun(e) pourra prendre la parole et même chanter, les divers bars et restos, celui des Q de plomb, l’auberge récemment créée au Limimbout, notamment, où l’on peut boire et manger, végétarien ou pas.
La plupart ont amené leur casse-croûte et s’installent au bord de la route, dans l’herbe ou sur le talus, à proximité. Quelques-un(e)s vont jusqu’à installer leur tablée sur la nappe où s’étalent boites de plastique et assiettes pour la salade, couteaux et pain noir, bocaux de pâté ou marinade.
Le temps de faire quelques photos de cet égaiement au bord et sur la route, depuis le pont pour mesurer la foule et nous voilà au coeur du dispositif.
C’est là, après avoir mis en mémoire une image de la vigie, construite le vendredi et le matin même, que je rencontre un groupe de paysans en train de rigoler à propos de cette vigie, dont certains ont participé à la fabriquer. 4 réverbères en béton, un silo à grain, de la peinture pour la déco, un « laisse béton » multicolore et voilà de quoi tenir un siège. Des opposants se relaieront dans ce promontoire pour surveiller les alentours et voir arriver, de loin, éventuellement, les troupes romaines accompagnant pelleteuses et bulldozers.
« Jusqu’à présent, c’était un mouvement pacifiste, mais, s’ils deviennent violents, on sera obligés de le devenir »
Mon interlocuteur est un paysan - corrige-t-il quand je le nomme agriculteur - et je comprends tout de suite dans quelle mouvance il se place. Mieux encore, c’est un ancien du CRJA (Centre régional des Jeunes Agriculteurs) passé à la Confédération Paysanne depuis trois ans. Il a curieusement fait le même chemin, dans le même temps, des pro aux anti-aéroport.
Il m’explique : Le préfet a compris qu’il n’allait pas pouvoir commencer les travaux sur la zad, alors il a pensé, on va commencer par le réseau routier. Le consortium AGO a donc fait un appel d’offres pour construire la bretelle d’accès à l’autoroute.
C’est d’ailleurs ce qui avait donné en retour l’appel d’offres de la zad à faire de nouveaux aménagements, le week-end du 31 janvier 2016, où soutiens et zadistes avaient fini, notamment l’auberge des Q de plomb, au Limibout, dont on retrouve la cuisine ambulante aujourd’hui, comme dans toutes les manifs, désormais.
Cette vigie a été installée symboliquement là où les travaux de construction de la zad devraient commencer. Et partout où ils tenteront de nuire à la nature, en lien avec NDDL, nous serons là, pour surveiller et empêcher. La Zad est partout, la zad s’étend, oui, hors de la zad. Qu’ils fassent attention ! Parce qu’un de ces jours, nous arriverons au Château !...
Quand ils ont commencé à détruire des maisons, c’était avec une pelleteuse et 150 CRS. Maintenant, je pense qu’on ne les laisserait plus faire ça. Quand on luttait contre le projet d’enfouissement des déchets nucléaires en 1988, au Bourg d’Iré*, dès le premier jour, on avait mis le feu à trois véhicules d’entreprise. Ils ne s’attendaient pas à ça. Quand on commence comme ça, on est sûr de gagner.
Lorsque je demande s’il imagine le préfet convoquer la maréchaussée sur la zad en ce début de mois de mars, au delà de la limite fixée par le Tribunal, pour réaliser l’expulsion des habitants et paysans historiques avec leur bétail… il répond : « Non, absolument pas. On est dans une démocratie où on est prêt à expulser des sans-papiers de la zad de Calais sans que ça interpelle trop les gens. Si, quand même un peu, les associations sont en train de gagner quand même. C’est inimaginable qu’ils expulsent les vaches, qu’ils chargent les vaches dans des camions pour les emmener à l’abattoir. Là, il y a aucun politique qui s’y risquera...
C’est un peu comme le réchauffement climatique… les gens disent bof, mais quand l’ours polaire se noie parce que la banquise fond trop, là, les gens disent « ah là là ! c’est embêtant ! » C’est à peu près la même chose pour les vaches… le préfet a compris qu’il y a des choses qu’il ne peut plus faire. Et puis on laissera plus faire… Retourner un camion de CRS, mettre le feu et le voir flamber en cinq minutes, on sait faire. Jusqu’à présent, c’était un mouvement pacifiste, mais, s’ils deviennent violents, on sera obligés de le devenir ».
Sur la question du référendum local, notre paysan fait observer que Jean-Marc Ayrault, promoteur de ce projet d’aéroport dit du Grand Ouest, se contredit lui-même, voulant aujourd’hui circonscrire le référendum à la Loire-Atlantique, voire même à la seule ville de Nantes. Il se désavoue lui-même, dit-il, et Vinci, aussi, puisqu’il est prévu à Notre-Dame des Landes une aérogare plus petite que celle actuelle de Nantes-Atlantique. Vinci, qui ne travaille pas pour l’utopie mais pour le profit, ne va pas construire plus grand que nécessaire. Le seul argument des élus est finalement le survol de Nantes et la gêne pour une partie des habitants. Et là aussi, y’en a marre. On ne va pas accepter, nous les bouseux, d’être menacés et gênés plus que les notables nantais…
« Un barrage des pacifiques » à la logique de guerre. De quoi Notre Dame des Landes est-il le non ?
A entendre ce paysan du Maine-et-Loire, pays de la « douceur angevine », aucun doute sur la détermination des militants et des soutiens, nombreux/nombreuses dans toute la France à empêcher coûte que coûte la destruction de la zad pour y couler le béton d’un aéroport, dont tout le monde a compris que c’est une affaire d’argent entre l’Etat, les Collectivités locales et Vinci, première entreprise de Travaux publics et de concession au Monde.
Un peu plus loin, en même temps, une altercation s’est nouée entre zadistes et médias dominants autour de José Bové. Comme ils s’en plaignent, en effet, on peut voir un groupe de caméras d’épaule et de journalistes encartés collé à la personne de Bové comme un essaim de mouches à viande sur un steak saignant. Finalement, ils expliquent à quelques soutiens surpris de leur comportement que, désormais, ils n’acceptent plus ce qu’ils considèrent comme un "détournement" du « mouvement contre l’aéroport et son monde » à la fois par des gens, des institutionnels en fait, qui viennent là une ou deux fois par an, et les médias dominants qui ne s’intéressent qu’à ce que peuvent dire de la zad les vedettes de tout bord, également, deux ou trois fois dans l’année. Ainsi, les habitants du lieu se disent-ils prêts, de leur côté, à perturber la communication télévisuelle, par définition spectaculaire, sur le territoire de la zad.
Un peu plus tôt, les organisateurs (les associations Acipa, Copain, Cedpa, les Zadistes, etc) avaient chacun(e) à leur tour rappeler au micro leur détermination à maintenir sur les lieux en vie l’équilibre aujourd’hui très dynamique entre les habitants de la zad, paysans historiques, non-paysans et zadistes occupants.
De la sorte, en ce 27 février 2016, par un beau samedi ensoleillé et froid, comme il convient à une fin d’hiver en Loire Atlantique, les opposants à « l’ayrauport de Notre-Dame des Landes » sont réunis – 50 à 60000 manifestants, la plus grosse manif jamais organisée sur le sujet – et déterminés à apporter toutes les réponses nécessaires – il est vrai qu’ils en ont fourni déjà beaucoup, en études, analyses, argumentaires et démonstrations diverses* - à toutes les tentatives de passer en force le « barrage des pacifiques » pour couler cette chape de béton sur l’une des plus belles zones humides de France. Et, sans doute, les autorités le savent-elles, du préfet au gouvernement, impossible de « gagner militairement » la zad, désormais. Foin de la guerre et de son état délétère, affectionné par notre président « normal ».
Qu’en sera-t-il du référendum local annoncé par le président le 11 février ? Ultime tentative pour sortir de l’impasse dans laquelle tous les gouvernements et collectivités locales se sont engouffrées à la suite. La précédente avait été l’appel au Tribunal en référé par AGO pour l’expulsion des paysans et habitants historiques de la zad. Le Juge a bien prononcé l’expulsion mais sans confirmer l’astreinte financière, ce qui est sans effet, comme on peut le voir aujourd’hui, avec ces 60000 soutiens qui ont fait le déplacement. C’est ainsi que le Juge a renvoyé le Gouvernement à ses responsabilités, celles de décider lui-même de l’expulsion physique des habitants historiques, avec leur bétail et d’en choisir le moment.
Etat de guerre, état d’urgence. Etat normal pour une société infantilisée ?
Un référendum local pour un projet d’intérêt national, voire international, cela n’a pas de sens, ni de capacité juridique. D’un périmètre restreint – Notre Dame des Landes, Nantes – au plus large possible, le Monde entier – ce qui serait la seule échelle adéquate pour un aéroport international dans un monde mondialisé où le quota d’émissions de gaz à effets de serre est fixé par la COP 21 (même si aucune échéance ni moyen de contrôle et de sanction ne sont définis dans ce cadre), pour la France comme pour l’ensemble des Nations-Etats représenté(e)s à l’ONU – chacun(e) peut comprendre qu’il s’agit encore de remettre au lendemain la décision qui s’impose, encore faut-il avoir le courage de décider. Ceci est pour un « décideur » finalement très difficile, lorsqu’il s’agit de décider quelque chose qui ne va pas dans le sens productiviste-capitaliste de l’accumulation et de la séparation dans un monde mondialisé mortifère et moribond… C’est-à-dire que le plus souvent, il n’y a pas à décider puisque ce sont les tenants des finances et de l’industrie qui décident pour vous. Il n’y a, dès lors, qu’à (se) laisser faire et accompagner, comme ce gouvernement – suivant en cela l’exemple des précédents –fait depuis le début, en proposant et faisant voter telle loi sur le renseignement, telle autre (dite « Macron », fourre-tout idéologique et pratique à la fois) ou proposant le pacte de responsabilité, cadeau au Medef, organisant l’Etat d’urgence permanent, le détricotage du droit du travail, maintenant, etc.
C’est Jospin lui-même qui décida, en tant que premier ministre, d’abandonner le projet de centrale nucléaire du Carnet/Pellerin, sur l’estuaire de la Loire, en 1997. Et c’est lui qui signa, bien entendu, le décret officialisant cet abandon, sans plus de consultation que celle exprimée durant plus de vingt ans par habitants, paysans du coin et écologistes du monde entier. Pareil pour la centrale nucléaire de Plogoff en 1981, après 3 ans de lutte (c’est Mauroy qui signe). Pareil pour le camp du Larzac, en 1981, après 10 ans de lutte. Pour le CPE (contrat première embauche) en 2006, une loi du 21 avril 2006 abroge l’article 8 de la loi du 31 mars 2006, sous l’autorité du premier ministre Dominique de Villepin.
Les exemples ne manquent pas de décisions effectivement prises par nos gouvernants, quels qu’ils fussent et quels que fussent leurs liens avec les Puissants et la Finance, l’Industrie, tutti quanti...
Notre président, lui, qui met un point d’honneur à contredire trait pour trait et à ne tenir aucune des promesses de son discours du Bourget – qu’il a habilement repris au moment de la COP21, comme si de rien n’était, du même endroit, pour vanter l’importance historique de son implication dans le processus onusien et l’accord qui en sortirait, accord global, certes, des 195 Nations-Etats mais sur rien, ou à peu près – semble tenir à nous faire croire que la normalité est le mensonge et la réciproque est vraie. La normalité serait l’impuissance, la normalité serait la corruption, la pollution (des esprits comme des villes, de la nature…), la normalité serait l’incurie, la négligence, le je-m’en-foutisme, le népotisme, la médiocrité, la bêtise et le cynisme… Et la parole non tenue. Cette dernière catégorie est inacceptable pour les paysans de Notre Dame des Landes et ceux de la Confédération paysanne ou du COPAIN. Le non-respect de la parole tenue par le (futur) président en 2012, réitérée à mi-parcours, de ne pas explulser les paysans historiques avant l’épuisemnt du dernier recours, ne passe décidément pas. Ils n’arrêtent pas de le faire savoir, ici et là.
Décider pour nous-mêmes, par nous-mêmes… Un Tribunal des Peuples ?
En somme, quelle importance a-t-elle, cette proposition de référendum local, national, international ? Celle de faire voir/entendre que certains de nos « décideurs » sont incapables de décider quoi que ce soit d’important, de vital. Ce faisant, ils tentent parfois de nous faire croire que c’est à nous de décider, mais toujours, alors, dans le cadre de processus de décision mis en place par eux-mêmes ou par leurs affidés et serviteurs. Un bon exemple en est les enquêtes d’utilité publique, les élections, toutes les procédures de consultation institutionnelles. L’enquête publique sur l’aéroport de Notre-Dame des Landes fait apparaître des doutes profonds des commissaires sur les conclusions de l’enquête sur la biodiversité, celle sur le projet de Center Park de Roybon, au bénéfice de Pierre et Vacances (où il s’agit de privatiser une grande partie de la forêt domaniale) mentionne un avis défavorable de 3 commissaires enquêteurs, unanimes à déconseiller la réalisation de ce projet. Qu’en est-il, finalement ? Dans tous les cas, la Déclaration d’Utilité Publique (DUP) est faite par le préfet et le projet suit son cours « normal ».
Nous y voilà !
S’il y a du vrai dans ce qu’on nous dit parfois, indirectement, comme ici, à savoir que c’est à nous de décider, peut-être l’enseignement de cette manifestation, on ne peut plus pacifique du 27 février 2016, à Temple de Bretagne, c’est que nous sommes déjà un certain nombre à le savoir mais que, désormais, nous voulons décider où et quand et comment nous allons décider, avant de décider même quoi ou qui ?
Ce que nous sommes en train de vivre est un moment de grâce en même temps qu’un moment de disgrâce, car le Vieux Monde n’en finit pas de remuer, de gesticuler, ses membres battant et rebattant la campagne (électorale aussi), avant de s’éteindre, de crever (« comme crevèrent les Communards, mes frères… »), portant sa puissance de nuire à son maximum par la violence la pire.
Le moment de grâce est celui-là même où nous sentons et comprenons ensemble que nous pouvons reprendre la main sur nos vies, nos destins et décider pour nous-mêmes ce qui nous convient.
Cette perspective ouvre un champ qu’il est bon de rappeler, peut-être, en ce moment de question sur un référendum possible autour de ce projet d’aéroport connu dans le monde entier. Oui, on en parle même au Chili, au Mexique ou au Canada. C’est la question ouverte par le Tribunal Permanent des Peuples, sis à Bologne, à propos de Notre-Dame des Landes. Ce Tribunal fut créé dans la foulée de celui de Russell et Sartre, dans les années 1960, à propos de la guerre du Vietnam. Là encore, qu’eut-il fallu ? Un référendum régional (sud-vietnamien) ? Bi-national (vietnamien et états-unien) ? mondial ? La réponse fut apportée par quelques personnalités et par les peuples du monde entier, en effet, à travers manifestations, boycotts, créations culturelles, artistiques…
Le Tribunal Permanent des Peuples, comme son nom l’indique assez bien, est une voie intéressante. Créé en 1979, c’est un tribunal d’opinion qui fonctionne avec des juges et des enquêtes. L’année 2015 a été consacrée, notamment, à l’enquête et au procès de Grands Projets Inutiles et Imposés, tant en Europe qu’en Amérique du Sud, intentés devant le Tribunal par divers collectifs de lutte. Le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes et la LGV (ligne à grande vitesse) Lyon-Turin en faisaient partie.
C’est encore celle du Tribunal International des Droits de la Nature, proposé durant la COP21 à la Maison des Métallos, à Paris, après deux sessions précédentes, à Quito puis à Lima. C’est la question de l’écocide, qui chemine, chemine…
La réponse au référendum ? Ne serait-ce pas le Tribunal Permanent des Peuples ou bien le Tribunal International des Droits de la Nature et un nouveau délit, à prendre en compte, peut-être même un crime ? Et si Notre Dame des Landes était le nom /le non possible d’un écocide ?
Ces tribunaux n’ont pas de capacité juridique officielle, puisque ce ne sont pas des institutions. Mais ce sont des modèles vivants et démocratiques. Et si leurs jugements n’ont pas de valeur administrative, ils ont plus qu’aucun autre, pour le moment, une valeur morale et spirituelle.
Leur modèle rejoindra peut-être un jour heureux (aussi) la Cour européenne des Droits de l’Homme, créée en 1959 par le Conseil de l’Europe, ou la Cour internationale de justice, créée en 1945, sous l’égide des Nations Unies (ONU) pour régler les conflits entre les Etats ou encore la Cour pénale internationale, créée en 2002, qui, sous l’autorité des Nations Unies, juge les personnes accusées de génocide, de crime conte l’humanité, de crime d’agression et de crime de guerre.
Pour prolonger :
https://www.acipa-ndl.fr/pourquoi-dire-non/fiches-thematiques/item/96-livret-argumentaire-complet
https://www.acipa-ndl.fr/actualites/communiques-de-presse/item/590-sentence-historique-du-tpp-gpii
http://www.declarationuniverselledesdroitsdelaterre.org/fr/Accueil.html
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